Archives quotidiennes : 13 novembre 2010

Des primaires en Europe !


Les élections européennes de 2009 n’ont pas été glorieuses pour le Parti Socialiste Européen qui y a perdu des plumes – et quelques eurodéputés au passage. Et pourtant, le PSE était le seul à avoir réussi à mettre en place une plateforme commune, un Manifesto accepté par tous les partis nationaux et qui devait servir de base programmatique commune, permettant par là même occasion d’éviter autant que faire se peut que la campagne européenne ne se transforme, comme souvent (comme toujours ?) en vingt-sept campagnes nationales. Avouons que, si l’idée était belle, le succès n’était pas vraiment au rendez-vous.

Il faut dire que l’Union Européenne ne fait plus rêver : des taux de participation aux élections en chute ininterrompue, un sentiment d’éloignement perpétuel entre « les technocrates de Bruxelles » et le peuple européen, une absence d’identité européenne véritable – le processus d’intégration politique construit depuis cinquante ans semble avoir perdu de sa superbe.

L’action du PSE est, à cet égard, primordiale : les partis européens doivent tout faire, tout mettre en œuvre pour que les élections européennes permettent aux citoyens de débattre sur des enjeux européens – et pas, comme souvent, que ces élections soient un thermomètre visant à prendre la température des situations politiques nationales.

Toutefois, il manquait un élément clé pour la réussite de cette entreprise d’européanisation des élections… européennes. Il manquait un homme (ou une femme), un leader, quelqu’un en qui les gens pouvaient se reconnaître ! Quelqu’un que les gens pouvaient identifier comme étant bien le leader de la campagne européenne des socialistes – quelqu’un qui serve d’exutoire aux soutiens ou critiques populaires. Quelqu’un qui se substitue, à lui seul, aux vingt-sept leaders socialistes des vingt-sept pays européens. Quelqu’un qui incarne l’idée d’une Europe socialiste. Quelqu’un qui, si le PSE avait été, grâce aux suffrages européens, promu comme le premier groupe parlementaire à Strasbourg, aurait été élu par ce Parlement à la tête de la Commission Européenne.

Car c’est bien là, le problème : l’Union Européenne manque de leader et le peuple a l’impression de ne pas connaître ses dirigeants européens et, dès lors, de ne pas savoir ce qu’il se trame dans les instances décisionnelles de Bruxelles, Strasbourg ou Luxembourg. Or, le Parlement Européen a une prérogative majeure, primordiale, clé, première ! Elle élit le Président de la Commission Européenne. Comme dans tout régime parlementaire, le Parlement élu, représentatif du peuple européen dans son ensemble, a le pouvoir de porter à la tête de l’Union son Premier Ministre – car le Président de la Commission Européenne a des prérogatives qui le rapprochent d’un Premier ministre national, son armée de Commissaires munis chacun de portefeuilles spécifiques étant les ministres de l’Union.

Comme au Royaume-Uni où c’est la Reine qui propose au Parlement britannique un Premier ministre qui doit ensuite être élu par ce Parlement, en Europe, c’est le Conseil des ministres qui propose au Parlement un Président de la Commission. Sauf qu’en Europe, jusqu’à présent, le Parlement s’est laissé dicter son choix par le Conseil, ne faisant qu’entériner sa proposition !

Imaginez qu’au Royaume-Uni, la Reine propose, à l’Assemblée conservatrice nouvellement élue, Gordon Brown comme Premier ministre. Outre le scandale provoqué – et le soulèvement de la question de la sénilité éventuelle de la très chère Elizabeth !, le Parlement britannique ne l’aurait jamais élu ! Pourquoi donc le Parlement européen devrait-il à tout prix élire le candidat proposé par le Conseil ?

L’idée, elle est là : en 2014, le Parti Socialiste Européen désignera clairement son candidat à la Présidence de la Commission Européenne pour contraindre le Conseil, si le PSE est majoritaire, à proposer ce candidat. Les textes institutionnels européens ouvrent clairement la voie à un régime parlementaire et seuls les exécutifs nationaux, réticents face à toute subsidiarité ascendante, entravent le processus de parlementarisation de l’Union.

Mais nous, nous voulons aller encore plus loin. Un mouvement est né parmi les socialistes européens et nous voulons que son ampleur soit telle qu’elle contraigne le PSE à en prendre compte. Nous voulons redonner ses lettres de noblesse au militantisme socialiste européen. Nous voulons que le candidat socialiste à la Présidence de la Commission Européenne soit désigner par les militants du PSE eux-mêmes – par des primaires européennes !

Tels primaires ne pourraient qu’entraîner l’adhésion pleine et entière des militants dans un leader – et un parti – qu’ils auront eux-mêmes désignés. Des primaires à travers l’Europe lanceraient majestueusement le candidat socialiste, lui donnant une belle longueur d’avance devant tous les autres partis européens qui, dépassés, seraient jugés anachroniques et anti-démocratiques par leur processus de désignation obscur… quand désignation il y a ! Le PSE serait compris comme étant le premier parti européen à se battre pour rendre l’Union Européenne au peuple européen, en revigorant le Parlement pour qu’il ne soit plus l’esclave du Conseil.

Ces primaires auraient le mérite d’entraîner un mouvement de parlementarisation de l’UE. De plus, elles donneraient toutes ses chances au candidat socialiste pour qu’en 2014, près de vingt ans après le départ de Jacques Delors de la Présidence de la Commission Européenne, les socialistes puissent enfin réinvestir dignement les instances dirigeantes de l’Union. Pour soutenir ce mouvement, c’est par ici !