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Et va, jolie !


Ok, ok, le titre de l’article est tellement bas que je ne mérite même pas que vous lisiez la suite… Mais quand même, allez, un petit effort !

Alors qu’elle semblait exsangue après sa lutte acharnée (et franchement pas toujours glorieuse) avec Nicolas Hulot, la voici repartie de l’avant. Après avoir critiqué avec fracas la parade militaire du 14 juillet (Einstein ne disait-il pas que « si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une musique, […] il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait«  ?), Éva Joly vient de faire sa véritable entrée en campagne à Clermont-Ferrand, lors de l’Université d’été d’Europe Écologie – Les Verts. Un nom de parti que je trouve d’ailleurs bien ridicule : les Verts historiques ne sont donc pas capables d’aller de l’avant et d’abandonner leur nom au profit de celui qui a su redynamiser la mouvance écolo ? Ces deux noms accolés ressemblent décidément plus à une alliance qu’à une transformation du parti… Enfin bref, c’est un autre débat !

Toujours est-il que sa montée au créneau sur le défilé militaire du 14 juillet me semble tout à fait pertinente. Ce défilé n’est-il pas une façon de « montrer ses muscles » aux puissances étrangères ? Jean-Luc Mélenchon soulignait ainsi que « le défilé militaire rappelle à toute puissance étrangère ce qu’il lui en coûterait de s’en prendre à la France et à sa République« . Classe… A-t-on vraiment besoin de ça ? Doit-on vraiment consacrer notre Fête nationale, consécration de la République, à montrer nos muscles ? En ces temps où la citoyenneté est ébranlée – à juste titre – par l’injustice sociale, par le sentiment d’impuissance du politique – et, par conséquent, du citoyen – face aux pouvoirs financiers, l’armée est-elle vraiment le meilleur instrument de création de lien social – et citoyen, si nécessaire aujourd’hui ? J’en doute…

Je passerai bien évidemment sur les réactions à vomir d’une certaine partie de la classe politique (suivez mon regard, qui malheureusement n’a même plus besoin d’aller très loin…) sur la binationalité d’Éva Joly – Guy Teissier, Président UMP de la Commission de la défense à l’Assemblée nationale, remportant probablement la perle en déclarant : « Je suis consterné qu’il puisse encore exister, comme on les appelait autrefois, des anti-France« . Y’a-t-il un sceau quelque part !?

Cela étant dit, même si je suis vraiment heureux qu’elle ait posé le débat sur la table, je reste sceptique sur l’opportunité de présenter une candidature écologiste à la présidentielle, rejoignant en cela mon très estimé Dany le Rouge-Vert-Jaune (la Coupe du Monde 2014 qu’il prévoit de couvrir pour Canal+ ne sera-t-elle pas jaune et verte ?).  Quand Éva Joly affirme en rigolant que Cécile Duflot « apprendra le norvégien » si EELV dépasse les 10%, quand la salle entière dans laquelle elle prononce son discours de lancement de candidature lève les mains pour « montrer ses dix doigts, comme le score qu’elle rêve Eva Joly de voir réaliser – même si en vrai pas grand monde n’y croit« , est-il nécessaire et opportun de présenter une candidature à la présidentielle ?

Alors je sais, la jurisprudence Mitterrand 65 laisse à penser que oui, pour exister dans la vie politique française, il faut présenter sa candidature à l’élection présidentielle. Mais, comme le souligne depuis des mois un DCB inentendu, ne serait-il pas plus judicieux pour les écolos de passer un contrat gouvernemental avec le PS, de les soutenir à la Présidentielle et de demander, en échange, plus de circonscriptions gagnables aux Législatives ? Parce que l’enjeu véritable, il est là : les écolos ne gagneront pas la Présidentielle – eux-mêmes n’y croient pas. Ne pèseraient-ils pas plus, alors, auprès du PS en négociant son soutien en amont du 1er tour, et en obtenant un groupe parlementaire plus étoffé ? Il me semble qu’à long-terme, c’est la stratégie la plus intéressante pour eux : après cinq ans de législature (dans la majorité ou l’opposition) forts d’un groupe parlementaire conséquent, les écolos pèseront infiniment plus dans l’arène politique – et peut-être alors sera-t-il temps de présenter une candidature à l’élection présidentielle. Ou peut-être pas, peut-être devront-ils attendre une autre législature. La reconstruction d’un parti nécessite du temps long, nécessite de voir, prévoir, anticiper – nécessite de la patience et du long-terme. Mais les politiques aujourd’hui en sont-ils vraiment capables, eux qui subissent perpétuellement la dictature de l’instantané imposée tant par les médias que par les citoyens eux-mêmes ?